Attribution des JO Hiver 2030 aux Alpes Françaises : c'est fait
Date : 10/11/2024
Lu : Fois
Serre Che et Montgenèvre seront à l'honneur dans le 05
C'est officiel, les Alpes Françaises organiseront les Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) d'Hiver 2030 (26ieme édition des jeux d'hiver). Présentation des sites retenus, dates de l'évènement, et des investissements nécessaires.
La France a déja organisé les Jeux Olympiques d'Hiver : 1924 à Chamonix, 1968 à Grenoble et en 1992 à Albertville et en Haute-Savoie.
Voilà une nouvelle candidature, menée tambour battant :
Janvier 2022 : annonce de la Candidature des Alpes du Sud
Juillet 2023 : réunion des candidatures dans une candidature unique Alpes Françaises
Novembre 2023 : dépôt du dossier de candidature au CIO (Comité International Olympique), le CIO écartant les projets portés par la Suisse et la Suède
Juillet 2024 : attribution des JOP 2030 aux Alpes Françaises, sous réserve de la garantie de l'état à recevoir (suite aux législatives, pas de gouvernement encore nommé)
Octobre 2024 : signature de la lettre de garantie financière de l'Etat pour les JOP 2030
Une grande première : unir deux territoires, pour un projet global sur une zone aussi vaste, n'a jamais été proposé.
Ces Jeux seront fiers, authentiques, économes, et respectueux de l'environnement. Parce qu'on ne peut plus penser les évènements sportifs comme au siècle précédent, le CNOSF, le CPSF et les Régions Sud et Auvergne-Rhône-Alpes ont pris ce parti. Ainsi est né ce projet fédérateur, qui traduit une volonté commune aux deux Régions : faire retentir la voix de nos montagnes en organisant des Jeux sobres, raisonnés et exemplaires qui marqueront notre territoire et les générations futures.
Les 5 ambitions du projet
Démontrer la passion française pour l'olympisme
Souligner l'ambition partagée autour la sobriété énergétique
Laisser un héritage olympique aux territoires
Démontrer la capacité d'innovation des alpes françaises
Porter haut l'initiative de deux régions aux ambitions communes
50 % des épreuves doivent être organisées en région Auvergne Rhône Alpes (AURA) et 50 % en région Provence Alpes Côte d’Azur (PACA)
Briançon : village olympique au Fort des Têtes pour 1200 athèles
Zone Haute-Savoie : ski de fond (La Clusaz), biathlon (Le Grand Bornand) et village olympique
Val d'Isère, qui était dans la liste des sites dans le dossier de départ, avec l'accueil de 2 slaloms (hommes/dames), fera-t-elle sont retour ?
Zone Savoie : ski alpin (Courchevel, Méribel), saut à ski (Courchevel), combiné nordique (Courchevel, Méribel), sports de glisse (La Plagne) et villages olympiques (Bozel et La Plagne)
La réutilisation des infrastructures existantes (sportives, touristiques ou transport), afin de limiter les constructions nouvelles - 95 % des sites dédiés aux futures épreuves existent déjà
La nécessité de construire quelques équipements manquants, largement demandés par les habitants, et qui serviront d'héritage (notamment en terme d'accessibilité routière et ferroviaire)
L'urgence d'accélérer la transition vers une montagne plus durable, via la mise en place d'équipements innovants (ex: dameuses à hydrogène)
Budget entrevu : 3 milliards d’euros, ventilés entre coûts d'organisation (deux milliards) et infrastructures (un milliard), soit "les Jeux les moins chers depuis Calgary en 1988" (une fois le budget ajusté en fonction du nombre d’athlètes présents).
Retombées entrevues (source Cabinet Astérès)
48 000 emplois générés sur l’ensemble du territoire français
3,6 milliards d’euros de valeur ajoutée et 1,6 milliard d’euros de recettes localisées pour près de la moitié dans les quatre départements accueillant les JOP
Depuis la validation de l'attribution, les élus ont annoncé plusieurs équipements à mettre en oeuvre dans un délai court (5 ans), dont certains sont prévus de longue date et devront être accelérés :
Ligne TER des Alpes (Etat / SNCF / Région) :
Les élus ont largement évoqué l'opportunité d'engager un plan de « désenclavement routier et ferroviaire, mais à ce jour pas d'engagement concrêt, les attentes sont grandes, mais le sujet difficile
Ces JO comptent 4 zones sur un arc alpin long de presque 500 km, qui ne sont pas reliés entre eux par des liaisons ferroviaires : il y a un fort enjeu sur le transport sur l'axe Nord Sud interne à l'Arc Alpin
La transport aérien ou par route devraient être fortement solicités, a fortiori depuis Nice
Côté train, en effet, la liaison entre Nice et Briançon serait beaucoup courte par les Chemins de fer de Provence, mais celle-ci est interrompue sur 27 km entre Digne et Saint-Auban, la SNCF ayant neutralisé cette courte antenne depuis 1989. Cet itinéraire affiche pourtant 353 km alors que l’itinéraire par Marseille Saint-Charles affiche 542 km, soit un allongement de 189 km. (Source Blog Rail du Sud)
La Préfectue du 05 estime que les travaux coûteraient entre 300 et 900M€ selon les scenarii
"C'est un vrai sujet. Je ne parle pas de rallier Marseille-Briançon en trois heures, mais si nous parvenons à régénérer la voie, à faire en sorte que les trains se croisent plus facilement, en mettant des machines plus rapides, plus propres, car aujourd'hui elles fonctionnent au diesel, nous aurons tout gagné" (Dominique Dufour - Préfet des Hautes Alpes).
Compte tenu de la situation budgétaire de la France, faut-il être optimiste ? Quelle priorité effective train vs route ?
Le Contrat de Plan État Région (CPER) prévoit 40% pour le train soit 600 millions pour le ferroviaire, dont une belle partie pour l'étoile ferroviaire de Veynes.
Serre-Chevalier annonce dans son dossier de presse hiver 2024 2025 l'électrification de la ligne. Des arbitrages financiers sont à faire, des budgets à allouer, mais les délais sont serrés.
Département des Hautes-Alpes / Etat :
aménagement de la RN94 (Gap Briançon), de la RN1091 (Grenoble-Briançon) et de la RD942/RN85 (Marseille/Grenoble)
Nice :
Installation d'une double Patinoire à l'Allianz Riviera
Région Sud :
Plan Montagne "En piste pour 2030" pour aider les sports d'hiver, doté de 42M€ dont 25M€ pour la création d'un centre d'entrainement pour le sport de haut niveau dans la vallée de l'Ubaye, le solde de 17M€ sur 5 axes
Sport de haut niveau 3,3M€,
Rayonnement & attractivité du territoire 6M€,
Communication et visibilité régionale des bénévoles et volontaires JO 0,6M€,
Education jeunesse 2,58M€,
4,52M€ infrastructures et équipements des clubs
Amélioration de la desserte ferroviaire Marseille-Briançon d’ici 2029, pour qu’elle soit effectuée en 3h30 et non en 5 heures comme actuellement
20 millions d’euros investis pour accélérer la rénovation de l’étoile de Veynes
151 millions d’euros sont déjà inscrits dans le contrat Plan État-Région 2023-2027 [dont 61 millions par l’État et 61 millions par la Région Paca] soit 40% des investissements pour le train (60% pour la route)
Les gares devront être améliorées également
21 millions d’euros pour mettre en oeuvre / terminer la rocade de Gap
Travaux engagés sur la RN85 entre le péage de La Saulce et le carrefour de Tallard (giratoire)
Travaux pour améliorer la traversée de la Roche de Rame
Travaux sur la RN 94 entre Briançon et Montgenèvre
Ubaye : création d'un centre d’entraînement des sports d’hiver
Routes de montagne : sécurisation / adaptation aux enjeux climatiques.
Briançon :
Village olympique au Fort des 3 Têtes (Site Vauban classé Unesco et monument historique, plus utilisé par l'armé depuis 2009)
Transport par cable depuis la Schappe.
Le site devenant post-JO un nouveau quartier résidentiel et de logements, avec lieux de vie et de culture
Deux liaisons dédiées pour se rendre d'une part à La Salle-les-Alpes, et d'autre part à Montgenèvre (élargement des routes pour créer des voies réservées aux transports en commun par navette électrique)
Montgenèvre :
Remplacement du TS à pinces fixes Prarial par un debrayable
Modernisation réseau neige culture
Construction d'un parking souterrain de 350 places (en lieu et place des parkings actuels Prarial/Butte, face au stade)
Depuis le choix final de Juillet 2024 et l'engagement financier de l'Etat d'octobre, l'organigramme du projet se précise, avec quelques nominations officialisées et d'autres à venir :
Le délégué interministériel aux JO a été désigné : il s'agit du préjet Pierre-Antoine Molina. Il a participé à la préparation des Jeux de Paris 2024 pour la région Ile de France
La Société de livraison des ouvrages et des équipements olympiques (SOLIDEO) doit être créée d'ici fin 2024, son siège devrait être à Marseille, avec peut ête une présidence de Renaud Muselier.
Le Comité d’organisation des Jeux Olympiques et paralympiques (COJOP) devrait être installé à Lyon ou au Bourget du lac
Le vote de la loi d'exception JO doit être organisé (permettant d'accélérer la mise en oeuvre des équipements afin de tenir les délais)
La mise en place de comité dans les différents départements accueillant des compétitions
En résumé, les enjeux se situent maintenant en terme budgétaire, plus exactement sur le sujet des infrastructures :
Le département des Hautes-Alpes espère beaucoup, mais au final les épreuves phares sont dans les Alpes du Nord.
Que peut-on faire dans un horizon de moins de 5 ans ? Tout dépendra des lois d'exceptions, permettant de raccourir le sujet des recours juridiques sur grands travaux.
Il semble évident que le côté route sera prêt (sauf le Pont de Savines), mais quid pour le train, sachant qu'il y a certes Marseille, mais aussi Grenoble et Valence : deux types de matériel ?
Côté Briançon, l'installation du village olympique au Fort des 3 Têtes est loin de faire l'unanimité
Côté Serre-Chevalier, la construction de lignes de transports dédiées électriques sera un bel héritage.
Comment Montgenèvre, Serre-Che et Briançon vont fédérer les initiatives et organiser les retombées sur les autres territoires des Hautes-Alpes, voire les inclure dans le projet (via le département) ?